Trois îles aux ambiances contrastées : Jersey, Guernesey, et Sark
Trois îles aux ambiances contrastées : Jersey, Guernesey, et Sark
André est accompagnateur pour Chamina Voyages. Passionné par les îles Anglo-Normandes, il conduit régulièrement les randonnneurs sur les chemins côtiers des îles de Jersey, de Guernesey et de Sark. Il nous en dit plus sur les îles !
Les îles Anglo-Normandes ont cette particularité de ne pas faire partie du Royaume-Uni. Elles dépendent, en effet, directement de la Couronne britannique depuis plus de 800 ans : la reine en est la souveraine comme héritière des ducs de Normandie. Nous avons ici un système de baillage et les deux baillis, nommés par la reine, sont les représentants de la Justice.
Jersey, comme Guernesey, a sa propre chambre des députés et ses propres lois. L’île ne dépend pas des chambres britanniques ni du gouvernement de Londres. Il y a, quand même, deux exceptions : pour la Défense et les Affaires étrangères, les îles sont soumises au Royaume-Uni. Il faut aussi noter qu’à la différence du Royaume-Uni, les îles de la Manche n’ont eu aucun problème pour sortir de l’Europe : elles ont toujours refusé d’entrer dans la Communauté Européenne.
N’allez pas penser que les gens d’ici se revendiquent comme étant anglais. Ils sont fiers de leurs origines normandes…même si, à l’heure actuelle, il y a ici des gens originaires d’Angleterre, d’Irlande, de Madère, de France et des nouveaux venus de Pologne et de Lettonie par exemple. On a ici une société très « british » mais aussi assez multiculturelle. A Jersey, seulement 52% de la population est née sur l’île.
L’indépendance des îles fait que les billets de banque et les timbres sont différents à Jersey et à Guernesey. Rassurez-vous les livres de Guernesey et de Jersey ont la même valeur que la livre Sterling et il est possible d’utiliser là-bas toutes ces monnaies.
Les bords de mer me rappellent ceux de Bretagne, du Cotentin mais aussi ceux du pourtour méditerranéen. Parfois, on pourrait se croire en Corse ! Dès qu’on voit des habitations, par contre, on saisit l’influence anglaise. Il y a de hautes falaises, de superbes plages, de belles zones boisées, des vallées humides avec une végétation luxuriante : les paysages sont variés. Ce sont des îles idéales pour la marche à pied et le vélo. Sur Sark, les voitures sont même interdites !
La nourriture proposée est très bonne et variée ! On a souvent un a priori à propos de la cuisine anglaise mais là-bas, ce n’est pas l’Angleterre. Il y a, bien sûr, la possibilité de manger le traditionnel « fish and chips », de l’agneau avec de la sauce à la menthe, des œufs au bacon, etc. C’est sur les îles que j’ai appris à aimer le cheddar, plus ou moins affiné. Il faut dire que Jersey comme Guernesey ont des produits laitiers renommés : lait, beurre, yaourts, crèmes glacées, fromage.
En ce qui concerne la culture, ce mélange entre l’influence britannique et le passé normand est très intéressant. Beaucoup de noms de lieux sont en français ou en normand, certains patronymes sont d’origine française. Il faut dire que pendant très longtemps les insulaires ont parlé le français et le patois normand. La langue locale, le jèrriais (« norman french » en anglais), est propre aux îles mais n’est plus une langue vivante.
Paradoxalement, malgré la proximité de la France, on ne trouve aucun journal ou hebdomadaire en français : c’est la presse britannique qui s’étale dans les kiosques.
Et on ne peut pas parler de culture sans un mot sur Victor Hugo. Après le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte, il a dû s’exiler ; n’oublions pas que c’était aussi un homme politique. Après quelques années à Jersey, il s’est installé à Guernesey en 1855. C’est là qu’il va finir « Les Misérables » et écrire un roman qui se passe ici : « Les Travailleurs de la Mer ». Il ne faut pas manquer la visite de cette maison - Hauteville House – qui a été rénovée très récemment ; c’est un endroit surprenant.
On retrouve ici un climat océanique doux, proche de celui du Morbihan par exemple. Et il y a, en plus, l’influence du Gulf Stream. C’est la même chose qu’en Bretagne, il n’y a pas d’écarts de température très important entre les saisons ; ici, il gèle et il neige très rarement. L’ensoleillement annuel correspond à celui de Bordeaux et de Toulouse. Selon Victor Hugo, « Les îles de la Manche sont les îles d’Hyères de l’Angleterre ». La température de l’eau varie de 10 à 19°ou 20°.
A part l’hiver, un peu plus froid et pluvieux, les « Channel islands » sont donc agréables tout au long de l’année. Le climat et le goût des habitants pour les fleurs les rend particulièrement spectaculaire au moment de la floraison, au printemps et en été. A prendre en compte pour les amoureux de botanique !